PROFESSEURS EPFZ DE PLUS 65 – QUI ET POURQUOI?
PROFESSEURS EPFZ DE PLUS 65 – QUI ET POURQUOI?
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Lorsque des professeurs de l'EPFZ ou de l'EPFL sont engagés ou promus, cette information est rendue publique par le Conseil des EPF. Les départs à la retraite sont également annoncés. Il ressort de ces annonces que certains professeurs ont travaillé au-delà de l'âge de la retraite. Mais cette information n'est disponible pour le public qu'au moment où le professeur prend sa retraite, et non lorsqu'il est réengagé pour travailler au-delà de l'âge de la retraite avec un nouveau contrat.
Puisque la prolongation au-delà de l'âge de la retraite est payée par des fonds publics, les contribuables devraient être informés de ces nominations. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les contribuables devraient avoir cette information.
Premièrement, tous les professeurs ne travaillent pas au-delà de l'âge de la retraite, seulement certains. Si l'intérêt public est servi en fournissant des informations sur d'autres nominations (c'est-à-dire l'embauche et la promotion), les mêmes normes devraient s'appliquer aux re-nominations après l'âge de la retraite. Ces informations constitueraient un premier pas vers la transparence, la responsabilité et l'équité dans les décisions de re-nomination après l'âge de la retraite.
Deuxièmement, le re-engagement de professeurs ayant dépassé l'âge de la retraite limite nécessairement l'embauche de nouveaux professeurs plus jeunes. Le renouvellement du corps professoral est dans l'intérêt des institutions universitaires et du public qui les soutient. Les normes de base en matière de responsabilité et de transparence suggèrent que le public devrait être informé de l'équilibre entre les professeurs ayant dépassé l'âge de la retraite et les nouvelles recrues.
Troisièmement, les femmes ne sont nommées professeurs à l'EPFZ que depuis 1985 et à l'EPUL (a ce jour EPFL) depuis 1967. Comme le montre le graphique, la fraction des femmes au rang de professeur titulaire a augmenté beaucoup plus lentement que le nombre de femmes à ce niveau. Cela reflète la croissance plus rapide du nombre d'hommes que de femmes professeurs titulaires. Comme il y a beaucoup moins de femmes professeures associées que de professeures titulaires, les départs à la retraite des femmes sont susceptibles de diminuer la représentation des femmes au rang de professeures titulaires. Cet effet serait exacerbé si les professeurs masculins étaient plus nombreux que les femmes à travailler après l'âge de la retraite. En l'absence d'informations sur les professeurs qui bénéficient de ce privilège, cet effet potentiel ne pourrait être observé qu'après coup.
La science est par nature internationale. Les différences entre les pratiques nationales en matière de retraite obligatoire sont donc particulièrement apparentes dans la communauté scientifique. L'amélioration de l'état de santé et de l'espérance de vie est susceptible d'accroître la pression en faveur de la flexibilité en matière de retraite des professeurs. Les nouvelles dispositions du règlement sur les professeurs des EPF[1] (en vigueur à partir du 01.08.2022) prévoient la possibilité pour les professeurs de travailler au-delà de l'âge de la retraite sur la base de contrats soumis soit au droit privé (art. 14a) soit au droit public (14b). Il est d'intérêt public que l'information sur de tels arrangements soit disponible au moment où ils sont conclus et non pas seulement après coup, au moment de la retraite éventuelle du professeur.
Janet Hering est directrice de l'Institut fédéral pour l'aménagement, l'épuration et la protection des eaux (Eawag), professeure de biogéochimie environnementale à l'École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) et professeure de chimie environnementale à l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Elle prendra sa retraite à la fin de l'année 2022.
[1] https://www.fedlex.admin.ch/eli/cc/2003/747/de